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Devant moi se dressait le chemin, qui, dans un premier temps, montait en lacet, puis parcourait, en droite ligne, la montagne de basalte et de sauvages végétations. Lorsque l'on parcour ce chemin, on oublie ce qu'on laisse derrière soi, au départ, et on ne pense pas à ce qu'il y a au bout, on avance et c'est tout.

On marche sans cesse, et parfois pendant longtemps.. mais moi, ce jour là, je me suis arrêté... sous de grands arbres.

 

  Accroché au sommet de la montagne, les falaises à mes pieds, je me suis assis face à l'océan et à l'horizon taquiné par quelques nuages immaculés, immobiles comme moi. Mes pensées s'envolaient. Petit à petit un poids me tombait sur les épaules, le poids des années. Je me suis senti soudainement vieux, très vieux et fatigué aussi. 

 

J'ai eu l'impression d'avoir 1000 ans d'une vie longue et agitée, au long de laquelle je m'étais si souvent perdu et quelque fois retrouvé. Tant de combat menés, et bien plus de défaites (si précieuses) pour quelques amères victoires. 1000 ans de questions sans vraiment de réponses, 1000 ans d'errance, et au bout du compte j'avais simplement envie de dormir pendant les 1000 prochaines années.

 

 Oui, dormir, longtemps, me reposer enfin... Et surtout, me réveiller que lorsque tout ceci aura disparu, la montagne derrière moi, la mer devant, le ciel au dessus, et ce chemin. Me reveiller quand tout sera fini, lorsqu'il n'aura plus rien. 

 

 Et pendant que mon esprit appelait de tous ses voeux ce long et reposant sommeil, je ne perdais pas des yeux le spectacle de ce monde immobile, tout autour de moi. Le temps lui même semblait figé, comme suspendu à ce rêve qui précèdait le premier matin du monde.

 

 La fatigue s'en allait peu à peu, j'ai senti la brise sur mon visage, le soleil sur ma peau... l'impression de calme. Le poids des années avait disparu. Je me suis levé, j'ai regardé le chemin devant moi et je suis reparti... pour encore 1000 ans.    

 

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