C'était un dimanche tranquille chez Mémé, avec tous les cousins et cousines (non en fait ils n'étaient pas tous là sinon il faudrait louer versailles) bref il faisait beau, et en prenant l'air, assis dans un fauteuil, sous la véranda je regardais les enfants jouer dans le jardin, sous les manguiers et les papayers.
A un moment je vois la petite Suzie (une petite cousine) qui quitte les autres enfants et qui vient s'asseoir sous la véranda à coté moi et visiblement elle boude !
Je la regarde perplexe, elle me regarde aussi. je n'ose dire un mot car je le vois bien : c'est pas le moment. 15 minutes passent dans un silence entrecoupé des rires des autres enfants qui continuent à jouer, des aboiements du rat chihuahua maison. On entendait les palabres des femmes venant de la cuisine, et les hommes quant à eux aux fins fond du jardin autour d'une table discutaient foot en dégustant l'apéritif. Bref Suzie ne disait rien mais je sentais bien qu'elle en avait gros sur la patate.


Alors laissez mois vous présenter, ma grande copine Suzie !
Suzie elle à 5 ans (et demi - c'est très important parait-il-) et toutes ses dents, mignonne à croquer, une petite fille de caractère, postule pour la troisième année consécutive au concours de "petit monstre de l'année", championne pour les betises en simple, en double ou par équipe. elle aime le rose, et tous ce qui est "à la fraise". Elle a le génie de dire ce qu'il ne faut pas dire, de mettre les pied dans le plat, sans concession en toute liberté elle dit ce qu'elle pense au risque de se prendre une bonne paire de claques qu'elle mérite parfois, mais j'avoue c'est ce qui fait son charme. Un fort tempérament à ne pas se laisser marcher sur les pieds, apres tous ça on peut définitivement dire qu'elle s'incrit dans la plus pure tradition des femmes de la famille (on ne lutte pas contre la génétique).
Bref revenons à notre histoire, au bout de 15 minutes donc elle se lève, se rapproche de moi, elle semble hésiter un moment puis finit par ouvrir la bouche et me pose la question qui tue : - " Tonton, pourquoi les garçons sont bêtes ?" 
- Tu trouves que les garçons sont bêtes ? demandais-je,
- Oui ils sont bêtes répondit-elle
- C'est un bonne question, et franchement je ne sais pas,... mais TOUS les garçons sont-ils bêtes ?
- Ben oui tous ! 
- Tous, même ton frère ?
- Oui, surtout lui
- Même ton papa ?
- Ben, oui... maman elle dit souvent : "il est bête ton père !"
- Ha ben si c'est ta maman qui le dit, et moi ? tu trouves que je suis bête ?
  elle hésite un peu avant avant de répondre, un peu perturbé puis répond :
- Mais toi t'es pas un garçon !
- Ha bon ! je suis quoi alors ? une fille ?
-  Heuu....Non.
- Donc je suis un garçon.
-Ben, non je crois pas !
- Ben pourquoi ?
- Parce Que toi t'est pas bête
-  Peut-etre que je suis un garçon pas bête ?
- Non, ça existe pas, toi c'est pas pareil, toi tu es comme... (elle réfléchit en regardant le jardin)... tu es comme un papillon !!


Moi je suis comme un papillon, c'est y pas mignon ça ! En plus c'est une poétesse ! C'est vrai que c'est pas bête un papillon. Du coup on a continué à discuter comme ça pendant un moment, je m'efforçais de lui faire comprendre que tous les garçons n'étaient pas bête, et qu'il en avait peut-être un ou deux qui sortait du lot, et que ça dépendait souvent de l'âge, mais je lui ai promis qu'avec le temps, elle allait rencontrer plus en plus de papillon que de garçon. Elle est finalement repartie jouer avec les autres, elle ne boudait plus. je me suis dit en mon fort intérieur qu'elle allait sans doute passer toute sa vie à essayer de répondre à cette question qui reviendrait sans doute sous d'autre forme bien sur. Je dis ça parce que, je me souviens qu'à son âge je me demandais aussi pourquoi les filles sont-elles bêtes.... si bien qu'aujourd'hui, plus de 20 ans plus tard,  je n'ai pas l'ombre d'une réponse même s'il m'est arrivé, et dieu merci, de rencontrer quelques magnifiques papillons et j'espère que j'en croiserai de plus en plus.  



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